Comment j’ai changé d’avis sur Marie

Par Mark Shea, Président de www.catholicexchange.com
Traduction libre par Jean-Baptiste

Il m’a toujours semblé évident que les catholiques honoraient trop Marie. Toutes ces fêtes, tous ces rosaires, ces icônes, ces statues et ces machins étaient ridiculement excessifs. Certes, l’Évangile de Luc disait bien quelque chose sur le fait qu’elle était « bénie », et oui je pensais qu’elle était une personne bien. Rien de plus. Les gens qui la célébraient ou l’appelaient « Mère » ou faisaient ces millions de choses encouragées par la piété catholique frisaient l’idolâtrie. C’était bien trop tout cela. C’était Jésus après tout, notre Sauveur, pas Marie.
Cependant après avoir de nouveau regardé l’Évangile de Luc, et réfléchi davantage sur l’humanité de Jésus-Christ, certaines choses s’éveillèrent en moi. Car il s’avère que Luc dit plus que « quelque chose » sur Marie. Il rapporte que Dieu fut conçu en son sein, et par là devint fils d’Adam. Cela signifie plus que dire simplement que Marie est une unité d’incubation pour l’Incarnation. Cela signifie que le Logos, la deuxième personne de la Trinité, lui doit son humanité toute entière. Pourquoi cela importe-t-il ? Parce que la raison pour laquelle nous pouvons appeler Jésus « Sauveur », c’est parce que Dieu, qui ne peut pas mourir, est devenu un homme, qui peut mourir. Et cela, il choisit de le faire à travers le « oui » gratuit de Marie. Sans Marie, pas de nature humaine pour le Christ. Sans la nature humaine du Christ, pas de mort sur la croix. Sans mort, pas de Résurrection. Sans Résurrection, pas de salut. Sans Marie, nous serions encore esclaves du péché.
Cela m’a fait considérer Marie différemment. L’Incarnation, c’est bien plus que Dieu revêtant une combinaison humaine. Il reste homme pour l’éternité. Par conséquent, son union à la race humaine par les entrailles de Marie signifie (puisqu’ Il est notre Sauveur à tous) qu’elle est notre Mère à tous (cf. Jean 19:27). Plus encore, cela signifie que son choix remarquable du « oui » à l’Incarnation, n’était pas uniquement un « accident », mais l’offrande de son cœur tout entier pour Dieu et pour nous. Son cœur a été percé par l’épée qui ouvrit la fontaine de sang et d’eau dans le cœur humain du Christ, car ce fut elle qui, par la grâce de Dieu, lui donna ce cœur (Luc 2:35 ; Jean 19:34).

Considérant tout ceci, je commençai à m’interroger à nouveau : si les catholiques honoraient trop Marie. Nous, évangéliques, l’honorions-nous assez ? Marie dit elle-même : « Désormais tous les âges m’appelleront bienheureuse. » Quand était-ce la dernière fois que j’avais entendu une chanson chrétienne contemporaine en l’honneur de Marie à la radio ? Ou une prière l’exaltant à l’église ? Ou quelque chose avec un petit morceau de verset ou un court article ayant choisi de traiter de Marie comme bénie entre toutes les femmes ? En dehors de « Douce Nuit », y avait-il quelque chose dans la piété évangélique qui osait l’exalter rien qu’un instant ? J’ai été évangélique pendant sept ans et je n’ai jamais vu une esquisse de cela.
Alors me vint cette question : « Comment pouvons-nous parler d’une chose comme excessive, alors que nous n’en avons aucune expérience nous-même ? ». Et si c’étaient nous, évangéliques, qui étions excessifs dans notre rejet de la piété mariale et les catholiques qui étaient normaux ? Me référant au témoignage des premiers Pères de l’Église, et même à Martin Luther (qui avait une solide dévotion mariale, et dont la tombe est décorée avec l’illustration de l’Assomption de la Vierge au Ciel), il me sembla que c’étaient nous, évangéliques, qui étions excessifs dans notre peur, plutôt que les catholiques qui étaient excessifs dans leurs dévotions.

Je vous salue Marie...Ça y est. Cela ne m'a même pas fait mal. En fait je crois même avoir entendu Saint-Luc prier !

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